Une Note sur la destruction des monuments en France, signĂ©e du mĂȘme nom que les lignes quâon va lire, a Ă©tĂ© derniĂšrement publiĂ©e, par hasard et avec dâinnombrables fautes dâimpression, dans un des recueils du Jour de lâAn. Dâautres recueils et des journaux fort rĂ©pandus ont rĂ©pĂ©tĂ© cette Note, malheureusement avec toutes les fautes dâimpression qui en dĂ©figuraient le sens. Dans cet aperçu, Ă©crit en 1825, et dâailleurs trĂšs incomplet, des nombreuses dĂ©vastations dâĂ©difices nationaux qui se font Ă la fois, et sans quâon y songe, sur toute la surface de la France, lâauteur se promettait de revenir souvent sur ce sujet, Ă propos et hors de propos. Il vient aujourdâhui remplir cette promesse. Il faut le dire et le dire haut, cette dĂ©molition de la vieille France, que nous avons dĂ©noncĂ©e plusieurs fois sous la Restauration, se continue avec plus dâacharnement et de barbarie que jamais. Depuis la rĂ©volution de Juillet, avec la dĂ©mocratie, quelque ignorance a dĂ©bordĂ© et quelque brutalitĂ© aussi. Dans beaucoup dâendroits, le pouvoir local, lâinfluence municipale, la curatelle communale a passĂ© des gentilshommes qui ne savaient pas Ă©crire aux paysans qui ne savent pas lire. On est tombĂ© dâun cran. En attendant que ces braves gens sachent Ă©peler, ils gouvernent. La bĂ©vue administrative, produit naturel et normal de cette machine de Marly quâon appelle la centralisation, la bĂ©vue administrative sâengendre toujours comme par le passĂ© du maire au sous-prĂ©fet, du sous-prĂ©fet au prĂ©fet, du prĂ©fet au ministre ; seulement elle est plus grosse. Notre intention est de nâenvisager ici quâune seule des innombrables formes sous lesquelles elle se produit aux yeux du pays Ă©merveillĂ©. Nous ne voulons traiter de la bĂ©vue administrative quâen matiĂšre de monuments, et encore ne ferons-nous quâeffleurer cet immense sujet que vingt-cinq volumes in-folio nâĂ©puiseraient pas. Chaque jour quelque vieux souvenir de la France sâen va avec la pierre sur laquelle il Ă©tait Ă©crit. » Nous posons donc en fait quâil nây a peut-ĂȘtre pas en France Ă lâheure quâil est une seule ville, pas un seul chef-lieu dâarrondissement, pas un seul chef-lieu de canton, oĂč il ne se mĂ©dite, oĂč il ne se commence, oĂč il ne sâachĂšve la destruction de quelque monument historique national, soit par le fait de lâautoritĂ© centrale, soit par le fait de lâautoritĂ© locale de lâaveu de lâautoritĂ© centrale, soit par le fait des particuliers sous les yeux et avec la tolĂ©rance de lâautoritĂ© locale. Nous avançons ceci avec la profonde conviction de ne pas nous tromper, et nous en appelons Ă la conscience de quiconque a fait, sur un point quelconque de la France, la moindre excursion dâartiste et dâantiquaire. Chaque jour quelque vieux souvenir de la France sâen va avec la pierre sur laquelle il Ă©tait Ă©crit. Chaque jour nous brisons quelque lettre du vĂ©nĂ©rable livre de la tradition. Et bientĂŽt, quand la ruine de toutes ces ruines sera achevĂ©e, il ne nous restera plus quâĂ nous Ă©crier avec ce Troyen, qui du moins emportait ses dieux Fuit ilion, et ingens Gloria ! Et Ă lâappui de ce que nous venons de dire, quâon permette Ă celui qui Ă©crit ces lignes de citer, entre une foule de documents quâil pourrait produire, lâextrait dâune lettre Ă lui adressĂ©e. Il nâen connaĂźt pas personnellement le signataire, qui est, comme sa lettre lâannonce, homme de goĂ»t et de cĆur ; mais il le remercie de sâĂȘtre adressĂ© Ă lui. Il ne fera jamais faute Ă quiconque lui signalera une injustice ou une absurditĂ© nuisible Ă dĂ©noncer. Il regrette seulement que sa voix nâait pas plus dâautoritĂ© et de retentissement. Quâon lise donc cette lettre, et quâon songe, en la lisant, que le fait quâelle atteste nâest pas un fait isolĂ©, mais un des mille Ă©pisodes du grand fait gĂ©nĂ©ral, la dĂ©molition successive et incessante de tous les monuments de lâancienne France. Charleville, 14 fĂ©vrier 1832, Monsieur, Au mois de septembre dernier, je fis un voyage Ă Laon Aisne mon pays natal. Je lâavais quittĂ© depuis plusieurs annĂ©es aussi, Ă peine arrivĂ© mon premier soin fut de parcourir la ville⊠ArrivĂ© sur la place du Bourg, au moment oĂč mes yeux se levaient sur la vieille tour de Louis dâOutremer, quelle fut ma surprise de la voir de toutes parts bardĂ©e dâĂ©chelles, de leviers et de tous les instruments possibles de destruction. Je lâavouerai, cette vue me fit mal. Je cherchais Ă deviner pourquoi ces Ă©chelles et ces pioches, quand vint Ă passer M. Th., homme simple et instruit, plein de goĂ»t pour les lettres et fort ami de tout ce qui touche Ă la science et aux arts. Je lui fis part Ă lâinstant de lâimpression douloureuse que me causait la destruction de ce vieux monument. M. Th., qui la partageait, mâapprit que, restĂ© seul des membres de lâancien conseil municipal, il avait Ă©tĂ© seul pour combattre lâacte dont nous Ă©tions en ce moment tĂ©moins ; que ses efforts nâavaient rien pu. Raisonnements, paroles, tout avait Ă©chouĂ©. Les nouveaux conseillers, rĂ©unis en majoritĂ© contre lui, lâavaient emportĂ©. Pour avoir pris un peu chaudement le parti de cette tour innocente, M. Th. avait Ă©tĂ© mĂȘme accusĂ© de carlisme. Ces messieurs sâĂ©taient Ă©criĂ©s que cette tour ne rappelait que les souvenirs des temps fĂ©odaux, et la destruction avait Ă©tĂ© votĂ©e par acclamation. Bien plus, la ville a offert au soumissionnaire qui se charge de lâexĂ©cution une somme de plusieurs mille francs, les matĂ©riaux en sus. VoilĂ le prix du meurtre, car câest un vĂ©ritable meurtre ! M. Th. me fit remarquer sur le mur voisin lâaffiche dâadjudication en papier jaune. En tĂȘte Ă©tait Ă©crit en Ă©normes caractĂšres DESTRUCTION DE LA TOUR DITE DE LOUIS DâOUTREMER. Le public est prĂ©venu⊠», etc. La tour Louis dâOutremer, dĂ©truite en 1831 Cette tour occupait un espace de quelques toises. Pour agrandir le marchĂ© qui lâavoisine, si câest lĂ le but quâon a cherchĂ©, on pouvait sacrifier une maison particuliĂšre dont le prix nâeĂ»t peut-ĂȘtre pas dĂ©passĂ© la somme offerte au soumissionnaire. Ils ont prĂ©fĂ©rĂ© anĂ©antir la tour. Je suis affligĂ© de le dire Ă la honte des Laonnois leur ville possĂ©dait un monument rare, un monument des rois de la seconde race ; il nây en existe plus aujourdâhui un seul. Celui de Louis IV Ă©tait le dernier. AprĂšs un pareil acte de vandalisme, on apprendra quelque jour sans surprise quâils dĂ©molissent leur belle cathĂ©drale du XIe siĂšcle, pour faire une halle aux grains. 1 » Les rĂ©flexions abondent et se pressent devant de tels faits. Et dâabord ne voilĂ -t-il pas une excellente comĂ©die ? Vous reprĂ©sentez-vous ces dix ou douze conseillers municipaux mettant en dĂ©libĂ©ration la grande destruction de la tour dite de Louis dâOutremer ? Les voilĂ tous, rangĂ©s en cercle, et sans doute assis sur la table, jambes croisĂ©es et babouches aux pieds, Ă la façon des Turcs. Ăcoutez-les il sâagit dâagrandir le carrĂ© aux choux et de faire disparaĂźtre un monument fĂ©odal. Les voilĂ qui mettent en commun tout ce quâils savent de grands mots depuis quinze ans quâils se font anucher le Constitutionnel par le magister de leur village. Ils se cotisent. Les bonnes raisons pleuvent. Lâun a arguĂ© de la fĂ©odalitĂ© et sây tient, lâautre allĂšgue la dĂźme ; lâautre la corvĂ©e ; lâautre les serfs qui battaient lâeau des fossĂ©s pour faire taire les grenouilles ; un cinquiĂšme le droit de jambage et de cuissage ; un sixiĂšme les Ă©ternels prĂȘtres et les Ă©ternels nobles ; un autre les horreurs de la Saint-BarthĂ©lemy, un autre, qui est probablement avocat, les jĂ©suites, puis ceci, puis cela ; puis encore cela et ceci ; et tout est dit la tour de Louis dâOutremer est condamnĂ©e. LâĂ©coutez-vous hasarder quelques mots timides en faveur du vĂ©nĂ©rable monument ? Et voyez-vous lâorage Ă©clater contre lui ? Le voilĂ qui ploie sous les invectives. » Vous figurez-vous bien, au milieu du grotesque sanhĂ©drin, la situation de ce pauvre homme, reprĂ©sentant unique de la science, de lâart, du goĂ»t, de lâhistoire ? Remarquez-vous lâattitude humble et opprimĂ©e de ce paria ? LâĂ©coutez-vous hasarder quelques mots timides en faveur du vĂ©nĂ©rable monument ? Et voyez-vous lâorage Ă©clater contre lui ? Le voilĂ qui ploie sous les invectives. VoilĂ quâon lâappelle de toutes parts carliste, et probablement carisse. Que rĂ©pondre Ă cela ? Câest fini. La chose est faite. La dĂ©molition du monument des Ăąges de barbarie, est dĂ©finitivement votĂ©e avec enthousiasme, et vous entendez le hurra des baves conseillers municipaux de Laon, qui ont pris dâassaut la tour de Louis dâOutremer ! Croyez-vous que jamais Rabelais, que jamais Hogarth auraient pu trouver quelque part faces plus drolatiques, profils plus bouffons, silhouettes plus rĂ©jouissantes Ă charbonner sur les murs dâun cabaret ou sur les pages dâune Batrachomyomachie ? Oui, riez. Mais, pendant que les prudâhommes jargonnaient, croassaient et dĂ©libĂ©raient, la vieille tour, si longtemps inĂ©branlable, se sentait trembler dans ses fondements. VoilĂ tout Ă coup que, par les fenĂȘtres, par les portes, par les barcabanes, par les meurtriĂšres, par les lucarnes, par les gouttiĂšres, de partout, les dĂ©molisseurs lui sortent comme les vers dâun cadavre. Elle sue des maçons. Ces pucerons la piquent. Cette vermine la dĂ©vore. La pauvre tour commence Ă tomber pierre Ă pierre ; ses sculptures se brisent sur le pavĂ© ; elle Ă©clabousse les maisons de ses dĂ©bris ; son flanc sâĂ©ventre ; son profil sâĂ©brĂšche, et le bourgeois inutile, qui passe Ă cĂŽtĂ©, sans trop savoir ce quâon lui fait, sâĂ©tonne de la voir chargĂ©e de cordes, de poulies et dâĂ©chelles plus quâelle ne le fut jamais par un assaut dâAnglais ou de Bourguignons. Ainsi, pour jeter bas cette tour de Louis dâOutremer, presque contemporaine des tours romaines de lâancienne Bibrax, pour faire ce que nâavaient fait ni bĂ©liers, ni balistes, ni scorpions, ni catapultes, ni haches, ni dolabres, ni engins, ni bombardes, ni serpentines, ni fauconneaux, ni couleuvrines, ni les boulets de fer des forges de Creil, ni les pierres Ă bombardes des carriĂšres de PĂ©ronne, ni le canon, ni le tonnerre, ni la tempĂȘte, ni la bataille, ni le feu des hommes, ni le feu du ciel, il a suffi au XIXe siĂšcle, merveilleux progrĂšs !, dâune plume dâoie, promenĂ©e Ă peu prĂšs au hasard sur une feuille de papier par quelques infiniment petits ! MĂ©chante plume dâun conseil municipal du vingtiĂšme ordre ! Plume qui formule boiteusement les fetfas imbĂ©ciles dâun divan de paysans ! Plume imperceptible du sĂ©nat de Lilliput ! Plume qui fait des fautes de français ! Plume qui ne sait pas lâorthographe ! Plume qui, Ă coup sĂ»r, a tracĂ© plus de croix que de signatures au bas de lâinepte arrĂȘtĂ© ! Et la tour a Ă©tĂ© dĂ©molie ! et cela sâest fait ! et la ville a payĂ© pour cela ! on lui a volĂ© sa couronne, et elle a payĂ© le voleur ! Quel nom donner Ă toutes ces choses ? Et, nous le rĂ©pĂ©tons, pour quâon y songe bien, le fait de Laon nâest pas un fait isolĂ©. Ă lâheure oĂč nous Ă©crivons, il nâest pas un point en France oĂč il ne se passe quelque chose dâanalogue. Câest plus ou câest moins, câest peu ou câest beaucoup, câest petit ou câest grand, mais câest toujours et partout du vandalisme. La liste des dĂ©molitions est inĂ©puisable ; elle a Ă©tĂ© commencĂ©e par nous et par dâautres Ă©crivains qui ont plus dâimportance que nous. Il serait facile de la grossir il serait impossible de la clore. On vient de voir une prouesse de conseil municipal. Ailleurs, câest un maire qui dĂ©place un peulven pour marquer la limite du champ communal ; câest un Ă©vĂȘque qui ratisse et badigeonne sa cathĂ©drale ; câest un prĂ©fet qui jette bas une abbaye du XIVe siĂšcle pour dĂ©masquer les fenĂȘtres de son salon ; câest un artilleur qui rase un cloĂźtre de 1460 pour rallonger un polygone ; câest un adjoint qui fait du sarcophage de ThĂ©odeberthe une auge aux pourceaux. Nous pourrions citer les noms. Nous en avons pitiĂ©. Nous les taisons. Cependant il ne mĂ©rite pas dâĂȘtre Ă©pargnĂ©, ce curĂ© de FĂ©camp qui a fait dĂ©molir le jubĂ© de son Ă©glise, donnant pour raison que ce massif incommode, ciselĂ© et fouillĂ© par les mains miraculeuses du XVe siĂšcle, privait ses paroissiens du bonheur de le contempler, lui curĂ©, dans sa splendeur Ă lâautel. Le maçon qui a exĂ©cutĂ© lâordre du bĂ©at sâest fait des dĂ©bris du jubĂ© une admirable maisonnette quâon peut voir Ă FĂ©camp. Quelle honte ! quâest devenu le temps oĂč le prĂȘtre Ă©tait le suprĂȘme architecte ? Maintenant le maçon enseigne le prĂȘtre ! Le vandalisme a ses journaux, ses coteries, ses Ă©coles, ses chaires, son public, ses raisons. Le vandalisme a pour lui les bourgeois. » Nây a-t-il pas aussi un dragon ou un housard qui veut faire de lâĂ©glise de Brou, de cette merveille, son grenier Ă foin, et qui en demande ingĂ©nument la permission au ministre ? NâĂ©tait-on pas en train de gratter du haut en bas la belle cathĂ©drale dâAngers, quand le tonnerre est tombĂ© sur la flĂšche, noire et intacte encore, et lâa brĂ»lĂ©e, comme si le tonnerre avait eu, lui, de lâintelligence, et avait mieux aimĂ© abolir le vieux clocher que de le laisser Ă©gratigner par des conseillers municipaux ! Un ministre de la Restauration nâa-t-il pas rognĂ© Ă Vincennes ses sept tours, et Ă Toulouse ses beaux remparts ? Nây a-t-il pas eu Ă Saint-Omer un prĂ©fet qui a dĂ©truit aux trois quarts les magnifiques ruines de Saint-Bertin, sous prĂ©texte de donner du travail aux ouvriers ? DĂ©rision ! Si vous ĂȘtes des administrateurs tellement mĂ©diocres, des cerveaux tellement stĂ©riles quâen prĂ©sence des routes Ă ferrer, des canaux Ă creuser, des rues Ă macadamiser, des ports Ă curer, des landes Ă dĂ©fricher, des Ă©coles Ă bĂątir, vous ne sachiez que faire de vos ouvriers, du moins ne leur jetez pas comme une proie nos Ă©difices nationaux Ă dĂ©molir, ne leur dites pas de se faire du pain avec ces pierres ; partagez-les plutĂŽt, ces ouvriers, en deux bandes, que toutes deux creusent un grand trou, et que chacune ensuite comble le sien avec la terre de lâautre. Et puis payez-leur ce travail. VoilĂ une idĂ©e. Jâaime mieux lâinutile que le nuisible. Ă Paris, le vandalisme fleurit et prospĂšre sous nos yeux. Le vandalisme est architecte. Le vandalisme se carre et se prĂ©lasse. Le vandalisme est fĂȘtĂ©, applaudi, encouragĂ©, admirĂ©, caressĂ©, protĂ©gĂ©, consultĂ©, subventionnĂ©, dĂ©frayĂ©, naturalisĂ©. Le vandalisme est entrepreneur de travaux pour le compte du gouvernement. Il sâest installĂ© sournoisement dans le budget, et il le grignote Ă petit bruit, comme le rat son fromage. Et certes, il gagne bien son argent. Tous les jours il dĂ©molit quelque chose du peu qui nous reste de cet admirable vieux Paris. Que sais-je ? le vandalisme a badigeonnĂ© Notre-Dame, le vandalisme a retouchĂ© les tours du palais de justice, le vandalisme a rasĂ© Saint-Magloire, le vandalisme a dĂ©truit le cloĂźtre des Jacobins, le vandalisme a amputĂ© deux flĂšches sur trois Ă Saint-Germain-des-PrĂ©s. Nous parlerons peut-ĂȘtre dans quelques instants des Ă©difices quâil bĂątit. Le vandalisme a ses journaux, ses coteries, ses Ă©coles, ses chaires, son public, ses raisons. Le vandalisme a pour lui les bourgeois. Il est bien nourri, bien rentĂ©, bouffi dâorgueil, presque savant, trĂšs classique, bon logicien, fort thĂ©oricien, joyeux, puissant, affable au besoin, beau parleur, et content de lui. Il tranche du MĂ©cĂšne. Il protĂšge les jeunes talents. Il est professeur. Il donne de grand prix dâarchitecture. Il envoie des Ă©lĂšves Ă Rome. Il est dĂ©putĂ©, et il refuse Ă Ingres les fresques de la Chambre pour les adjuger Ă on ne sait qui. Il porte habit brodĂ©, Ă©pĂ©e au cĂŽtĂ© et culotte française. Il est de lâInstitut. Il va Ă la cour. Il donne le bras au roi, et flĂąne avec lui dans les rues, lui soufflant ses plans Ă lâoreille. Vous avez dĂ» le rencontrer. Quelquefois il se fait propriĂ©taire, et il change la tour magnifique de Saint-Jacques-de-la-Boucherie en fabrique de plomb de chasse, impitoyablement fermĂ©e Ă lâantiquaire fureteur ; et il fait de la nef de Saint-Pierre-aux-BĆufs un magasin de futailles vides, de lâHĂŽtel de Sens une Ă©curie Ă rouliers, de la maison de la Couronne dâOr une draperie, de la chapelle de Cluny une imprimerie. Quelquefois il se fait peintre en bĂątiments et il dĂ©molit Saint-Landry pour construire sur lâemplacement de cette simple et belle Ă©glise une grande et laide maison qui ne se loue pas. Quelquefois il se fait greffier, et il encombre de paperasses la Sainte-Chapelle, cette Ă©glise qui sera la plus admirable parure de Paris, quand il aura dĂ©truit Notre-Dame. Quelquefois il se fait spĂ©culateur, et dans la nef dĂ©shonorĂ©e de Saint-BenoĂźt, il emboĂźte violemment un théùtre, et quel théùtre ! Opprobre ! Le cloĂźtre saint, docte et grave des bĂ©nĂ©dictins, mĂ©tamorphosĂ© en je ne sais quel mauvais lieu littĂ©raire ! La tour de Saint-Jacques-de-la-Boucherie Sous la Restauration, il prenait ses aises et sâĂ©battait dâune maniĂšre aussi aimable, nous en convenons. Chacun se rappelle comment le vandalisme, qui alors aussi Ă©tait architecte du roi, a traitĂ© la cathĂ©drale de Reims. Un homme dâhonneur, de science et de talent, M. Vitet, a dĂ©jĂ signalĂ© le fait. Cette cathĂ©drale est, comme on sait, chargĂ©e du haut en bas de sculptures excellentes qui dĂ©bordent de toutes parts son profil. Ă lâĂ©poque du sacre de Charles X, le vandalisme, qui est bon courtisan, eut peur quâune pierre ne se dĂ©tachĂąt par aventure de toutes ces sculptures en surplomb, et ne vĂźnt tomber incongrĂ»ment sur le roi au moment oĂč sa majestĂ© passerait ; et sans pitiĂ©, et Ă grands coups de maillet, et trois grands mois durant, il Ă©barba la vieille Ă©glise ! â Celui qui Ă©crit ceci a chez lui un dĂ©bris curieux de cette exĂ©cution. Depuis juillet, il en a fait une autre qui peut servir de pendant Ă celle-lĂ , câest lâexĂ©cution du jardin des Tuileries. Nous reparlerons quelque jour et longuement de ce bouleversement barbare. Nous ne le citons ici que pour mĂ©moire. Mais qui nâa haussĂ© les Ă©paules en passant devant ces deux petits enclos usurpĂ©s sur une promenade publique ? On a fait mordre au roi le jardin des Tuileries, et voilĂ les deux bouchĂ©es quâil se rĂ©serve. Toute lâharmonie dâune Ćuvre royale et tranquille est troublĂ©e, la symĂ©trie des parterres est Ă©borgnĂ©e, les bassins entaillent la terrasse, câest Ă©gal, on a ses deux jardinets. Que dirait-on dâun fabricant de vaudevilles qui se taillerait un couplet ou deux dans les chĆurs dâAthalie ! Les Tuileries, câĂ©tait lâAthalie de Le NĂŽtre. Le vandalisme a son idĂ©e Ă lui. Il veut faire tout Ă travers Paris une grande, grande, grande rue. Une rue dâune lieue ! Que de magnifiques dĂ©vastations chemin faisant ! » On dit que le vandalisme a dĂ©jĂ condamnĂ© notre vieille et irrĂ©parable Ă©glise de Sant-Germain-lâAuxerrois. Le vandalisme a son idĂ©e Ă lui. Il veut faire tout Ă travers Paris une grande, grande, grande rue. Une rue dâune lieue ! Que de magnifiques dĂ©vastations chemin faisant ! Saint-Germain-lâAuxerrois y passera, lâadmirable tour de Saint-Jacques-de-la-Boucherie y passera peut-ĂȘtre aussi. Mais quâimporte ! Une rue dâune lieue ! Comprenez-vous comme cela sera beau ! Une ligne droite tirĂ©e du Louvre Ă la barriĂšre du TrĂŽne ! Dâun bout de la rue, de la barriĂšre, on contemplera la façade du Louvre. Il est vrai que tout le mĂ©rite de la colonnade de Perrault est dans ses proportions et que ce mĂ©rite sâĂ©vanouira dans la distance ; mais quâest-ce que cela fait ? on aura une rue dâune lieue ! De lâautre bout, du Louvre, on verra la barriĂšre du TrĂŽne, les deux colonnes proverbiales que vous savez, maigres, fluettes et risibles comme les jambes de Potier. Ă merveilleuse perspective ! EspĂ©rons que ce burlesque projet ne sâaccomplira pas. Si lâon essayait de le rĂ©aliser, espĂ©rons quâil y aura une Ă©meute dâartistes. Nous y pousserons de notre mieux. Les dĂ©vastateurs ne manquent jamais de prĂ©textes. Sous la Restauration, on gĂątait, on mutilait, on dĂ©figurait, on profanait les Ă©difices catholiques du Moyen Ăge, le plus dĂ©votement du monde. La congrĂ©gation avait dĂ©veloppĂ© sur les Ă©glises la mĂȘme excroissance que sur la religion. Le sacrĂ©-cĆur sâĂ©tait fait marbre, bronze, badigeonnage et bois dorĂ©. Il se produisait le plus souvent dans les Ă©glises sous la forme dâune petite chapelle peinte, dorĂ©e, mystĂ©rieuse, Ă©lĂ©giaque, pleine dâanges bouffis, coquette, galante, ronde et Ă faux jour, comme celle de Saint-Sulpice. Pas de cathĂ©drale, pas de paroisse en France Ă laquelle il ne poussĂąt, soit au front, soit au cĂŽtĂ© une chapelle de ce genre. Cette chapelle constituait pour les Ă©glises une vĂ©ritable maladie. CâĂ©tait la verrue de Saint-Acheul. Une Ă©glise, câest le fanatisme ; un donjon, câest la fĂ©odalitĂ©. On dĂ©nonce un monument, on massacre un tas de pierres, septembrise des ruines. Ă peine si nos pauvres Ă©glises parviennent Ă se sauver en prenant cocarde. » Depuis la rĂ©volution de Juillet, les profanations continuent, plus funestes et plus mortelles encore, et avec dâautres semblants. Au prĂ©texte dĂ©vot a succĂ©dĂ© le prĂ©texte national, libĂ©ral, patriote, philosophe, voltairien. On ne restaure plus, on ne gĂąte plus, on nâenlaidit plus un monument, on le jette bas. Et lâon a de bonnes raisons pour cela. Une Ă©glise, câest le fanatisme ; un donjon, câest la fĂ©odalitĂ©. On dĂ©nonce un monument, on massacre un tas de pierres, septembrise des ruines. Ă peine si nos pauvres Ă©glises parviennent Ă se sauver en prenant cocarde. Pas une Notre-Dame en France, si colossale, si vĂ©nĂ©rable, si magnifique, si impartiale, si historique, si calme et si majestueuse quâelle soit, qui nâait son petit drapeau tricolore sur lâoreille. Quelquefois on sauve une admirable Ă©glise en Ă©crivant dessus Mairie. Rien de moins populaire parmi nous que ces sublimes Ă©difices faits par le peuple et pour le peuple. Nous leur en voulons de tous ces crimes des temps passĂ©s dont ils ont Ă©tĂ© les tĂ©moins. Nous voudrions effacer le tout de notre histoire. Nous dĂ©vastons, nous pulvĂ©risons, nous dĂ©truisons, nous dĂ©molissons par esprit national. Ă force dâĂȘtre bons français, nous devenons dâexcellents welches. Dans le nombre, on rencontre certaines gens auxquels rĂ©pugne ce quâil y a dâun peu banal dans le magnifique pathos de Juillet, et qui applaudissent aux dĂ©molisseurs par dâautres raisons, des raisons doctes et importantes, des raisons dâĂ©conomiste et de banquier. Ă quoi servent ces monuments ? disent-ils. Cela coĂ»te des frais dâentretien, et voilĂ tout. Jetez-les Ă terre et vendez les matĂ©riaux. Câest toujours cela de gagnĂ©. Sous le pur rapport Ă©conomique, le raisonnement est mauvais. Nous lâavons dĂ©jĂ Ă©tabli dans la note citĂ©e plus haut, ces monuments sont des capitaux. Un grand nombre dâentre eux, dont la renommĂ©e attire les Ă©trangers riches en France, rapportent au pays au-delĂ de lâintĂ©rĂȘt de lâargent quâils ont coĂ»tĂ©. Les dĂ©truire, câest priver le pays dâun revenu. Mais quittons ce point de vue aride, et raisonnons de plus haut. Depuis quand ose-t-on, en pleine civilisation, questionner lâart sur son utilitĂ© ? Malheur Ă vous si vous ne savez pas Ă quoi lâart sert ! On nâa rien de plus Ă vous dire. Allez ! dĂ©molissez ! utilisez ! Faites des moellons avec Notre-Dame de Paris. Faites des gros sous avec la Colonne. Dâautres acceptent et veulent lâart, mais Ă les entendre, les monuments du Moyen Ăge sont des constructions de mauvais goĂ»t, des Ćuvres barbares, des monstres en architecture, quâon ne saurait trop vite et trop soigneusement abolir. Ă ceux-lĂ non plus il nây a rien Ă rĂ©pondre. Câen est fini dâeux. La Terre a tournĂ©, le monde a marchĂ© depuis eux ; ils ont les prĂ©jugĂ©s dâun autre siĂšcle ; ils ne sont plus de la gĂ©nĂ©ration qui voit le Soleil. Car, il faut bien que les oreilles de toute grandeur sâhabituent Ă lâentendre dire et redire, en mĂȘme temps quâune glorieuse rĂ©volution politique sâest accomplie dans la sociĂ©tĂ©, une glorieuse rĂ©volution intellectuelle sâest accomplie dans lâart. VoilĂ vingt-cinq ans que Charles Nodier et madame de StaĂ«l lâont annoncĂ©e en France ; et sâil Ă©tait permis de citer un nom obscur aprĂšs ces noms cĂ©lĂšbres, nous ajouterions que voilĂ quatorze ans que nous luttons pour elle. Maintenant elle est faite. Le ridicule duel des classiques et des romantiques sâest arrangĂ© de lui-mĂȘme, tout le monde Ă©tant Ă la fin du mĂȘme avis. Il nây a plus de question. Tout ce qui a de lâavenir est pour lâavenir. Ă peine y a-t-il encore, dans lâarriĂšre-parloir des collĂšges, dans la pĂ©nombre des acadĂ©mies, quelques bons vieux enfants qui font joujou dans leur coin avec les poĂ©tiques et les mĂ©thodes dâun autre Ăąge ; qui poĂštes, qui architectes ; celui-ci sâĂ©battant avec les trois unitĂ©s, celui-lĂ avec les cinq ordres ; les uns gĂąchant du plĂątre selon Vignole, les autres gĂąchant des vers selon Boileau. Cela est respectable. Nâen parlons plus. Or, dans ce renouvellement complet de lâart et de la critique, la cause de lâarchitecture du Moyen Ăge, plaidĂ©e sĂ©rieusement pour la premiĂšre fois depuis trois siĂšcles, a Ă©tĂ© gagnĂ©e en mĂȘme temps que la bonne cause gĂ©nĂ©rale, gagnĂ©e par toutes les raisons de la science, gagnĂ©e par toutes les raisons de lâhistoire, gagnĂ©e par toutes les raisons de lâart, gagnĂ©e par lâintelligence, par lâimagination et par le cĆur. Ne revenons donc pas sur la chose jugĂ©e et bien jugĂ©e ; et disons de haut au gouvernement, aux communes, aux particuliers, quâils sont responsables de tous les monuments nationaux que le hasard met dans leurs mains. Nous devons compte du passĂ© Ă lâavenir. Posteri, posteri, vestra res agitur. Il y a deux choses dans un Ă©difice son usage et sa beautĂ©. Son usage appartient au propriĂ©taire, sa beautĂ© Ă tout le monde, Ă vous, Ă moi, Ă nous tous. Donc, le dĂ©truire câest dĂ©passer son droit. » Quant aux Ă©difices quâon nous bĂątit pour ceux quâon nous dĂ©truit, nous ne prenons pas le change ; nous nâen voulons pas. Ils sont mauvais. Lâauteur de cette note maintient tout ce quâil a dit ailleurs 2 sur les monuments modernes du Paris actuel. Il nâa rien de plus doux Ă dire des monuments en construction. Que nous importent les trois ou quatre petites Ă©glises cubiques que vous bĂątissez piteusement çà et lĂ ? Laissez donc crouler votre ruine du quai dâOrsay avec ses lourds cintres et ses vilaines colonnes engagĂ©es ! Laissez crouler votre palais de la Chambre des dĂ©putĂ©s, qui ne demandait pas mieux ! Nâest-ce pas une insulte au lieu-dit Ăcole des beaux-arts que cette construction hybride et fastidieuse dont lâĂ©pure a si longtemps sali le pignon de la maison voisine, Ă©talant effrontĂ©ment sa nuditĂ© et sa laideur Ă cĂŽtĂ© de lâadmirable façade du chĂąteau de Gaillon ? Sommes-nous tombĂ©s Ă ce point de misĂšre quâil nous faille absolument admirer les barriĂšres de Paris ? Y a-t-il rien au monde de plus bossu et de plus rachitique que votre monument expiatoire ah ! çà , dĂ©cidĂ©ment, quâest-ce quâil expie ? de la rue de Richelieu ? Nâest-ce pas une belle chose, en vĂ©ritĂ©, que votre Madeleine, ce tome deux de la Bourse, avec son lourd tympan qui Ă©crase sa maigre colonnade ? Oh ! qui me dĂ©livrera des colonnades ! De grĂące, employez mieux nos millions. Ne les employez mĂȘme pas Ă parfaire le Louvre. Vous voudriez achever dâenclore ce que vous appelez le parallĂ©logramme du Louvre. Mais nous vous prĂ©venons que ce parallĂ©logramme est un trapĂšze ; et pour un trapĂšze, câest trop dâargent. Dâailleurs, le Louvre, hors ce qui est de la Renaissance, le Louvre, voyez-vous, nâest pas beau. Il ne faut pas admirer et continuer, comme si câĂ©tait de droit divin, tous les monuments du XVIIe siĂšcle, quoiquâils vaillent mieux que ceux du XVIIIe, et surtout que ceux du XIXe. Quel que soit leur bon air, quelle que soit leur grande mine, il en est des monuments de Louis XIV comme de ses enfants. Il y en a beaucoup de bĂątards. Le Louvre, dont les fenĂȘtres entaillent lâarchitrave, le Louvre est de ceux-lĂ . Sâil est vrai, comme nous le croyons, que lâarchitecture, seule entre tous les arts, nâait plus dâavenir, employez vos millions Ă conserver, Ă entretenir, Ă Ă©terniser les monuments nationaux et Ă racheter ceux qui sont aux particuliers. La rançon sera modique. Vous les aurez Ă bon marchĂ©. Tel propriĂ©taire ignorant vendra le ParthĂ©non pour le prix de la pierre. Faites rĂ©parer ces beaux et graves Ă©difices. Faites-les rĂ©parer avec soin, avec intelligence, avec sobriĂ©tĂ©. Vous avez autour de vous des hommes de science et de goĂ»t qui vous Ă©claireront dans ce travail. Surtout, que lâarchitecte-restaurateur soit frugal de ses propres imaginations ; quâil Ă©tudie curieusement le caractĂšre de chaque Ă©difice, selon chaque siĂšcle et chaque climat. Quâil se pĂ©nĂštre de la ligne gĂ©nĂ©rale et de la ligne particuliĂšre du monument quâon lui met entre les mains ; et quâil sache habilement souder son gĂ©nie au gĂ©nie de lâarchitecte ancien. Vous tenez les communes en tutelle, dĂ©fendez-leur de dĂ©molir. Quant aux particuliers, quant aux propriĂ©taires qui voudraient sâentĂȘter Ă dĂ©molir, que la loi le leur dĂ©fende ; que leur propriĂ©tĂ© soit estimĂ©e, payĂ©e et adjugĂ©e Ă lâĂtat. Quâon nous permette de transcrire ici ce que nous avons dĂ©jĂ dit Ă ce sujet dans notre premiĂšre Note sur la destruction des monuments Il faut arrĂȘter le marteau qui mutile la face du pays. Une loi suffirait. Quâon la fasse. Quels que soient les droits de la propriĂ©tĂ©, la destruction dâun Ă©difice historique et monumental ne doit pas ĂȘtre permise Ă ces ignobles spĂ©culateurs que leur intĂ©rĂȘt aveugle sur leur honneur ; misĂ©rables hommes, et si imbĂ©ciles quâils ne comprennent mĂȘme pas quâils sont des barbares ! Il y a deux choses dans un Ă©difice son usage et sa beautĂ©. Son usage appartient au propriĂ©taire, sa beautĂ© Ă tout le monde, Ă vous, Ă moi, Ă nous tous. Donc, le dĂ©truire câest dĂ©passer son droit. Ceci est une question dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, dâintĂ©rĂȘt national. Tous les jours, quand lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Ă©lĂšve la voix, la loi fait taire les glapissemens de lâintĂ©rĂȘt privĂ©. La propriĂ©tĂ© particuliĂšre a Ă©tĂ© souvent et est encore Ă tous moments modifiĂ©e dans le sens de la communautĂ© sociale. On vous achĂšte de force votre champ pour en faire une place, votre maison pour en faire un hospice. On vous achĂštera votre monument. Sâil faut une loi, rĂ©pĂ©tons-le, quâon la fasse. Ici, nous entendons les objections sâĂ©lever de toutes parts Est-ce que les chambres ont le temps ? Une loi pour si peu de chose ! Pour si peu de chose ! Comment ! nous avons quarante-quatre mille lois dont nous ne savons que faire, quarante-quatre mille lois sur lesquelles il y en a Ă peine dix de bonnes. Tous les ans, quand les Chambres sont en chaleur, elles en pondent par centaines, et, dans la couvĂ©e, il y en a tout au plus deux ou trois qui naissent viables. On fait des lois sur tout, pour tout, contre tout, Ă propos de tout. Pour transporter les cartons de tel ministĂšre dâun cĂŽtĂ© de la rue de Grenelle Ă lâautre, on fait une loi. Et une loi pour les monuments, une loi pour lâart, une loi pour la nationalitĂ© de la France, une loi pour les souvenirs, une loi pour les cathĂ©drales, une loi pour les plus grands produits de lâintelligence humaine, une loi pour lâĆuvre collective de nos pĂšres, une loi pour lâhistoire, une loi pour lâirrĂ©- parable quâon dĂ©truit, une loi pour ce quâune nation a de plus sacrĂ© aprĂšs lâavenir, une loi pour le passĂ©, cette loi juste, bonne, excellente, sainte, utile, nĂ©cessaire, indispensable, urgente, on nâa pas le temps, on ne la fera pas ! Risible ! risible ! risible ! 1. Nous ne publions pas le nom du signataire de la lettre, nây Ă©tant point formellement autorisĂ© par lui, mais nous le tenons en rĂ©serve pour notre garantie. Nous avons cru devoir aussi retrancher les passages qui nâĂ©taient que lâexpression trop bienveillante de la sympathie de notre correspondant pour nous personnellement. 2. Notre-Dame de Paris.
LĂ©change. « Au commencement Ă©tait internet, un rĂ©seau de rĂ©seaux qui Ă©tait bĂȘte, pour que chacun d'entre nous puisse dĂ©cider ce qu'il veut en faire » (Philippe Aigrain) « La neutralitĂ© du Net est un principe fondateur d'Internet qui garantit que les opĂ©rateurs tĂ©lĂ©coms ne discriminent pas les communications de leurs utilisateurs
Les yeux humides, Hugo Houle a fait frissonner le QuĂ©bec et les amateurs de cyclisme du monde entier en remportant mardi une victoire dâĂ©tape historique au Tour de France, dans une chaleur accablante. Le coureur de 31 ans est devenu le premier QuĂ©bĂ©cois et le deuxiĂšme Canadien Ă remporter une Ă©tape de la compĂ©tition cycliste la plus prestigieuse du monde. Il a dĂ©diĂ© sa victoire Ă son jeune frĂšre, tuĂ© en 2012 par un conducteur ivre pendant quâil joggait dans sa ville natale de Sainte-PerpĂ©tue, dans le Centre-du-QuĂ©bec. Celle-ci est pour mon frĂšre », pouvait-on lâentendre dire alors que son Ă©quipe lui faisait lâaccolade, aprĂšs une Ă©tape de 178,5 km entre Carcassonne et Foix. Aujourdâhui, il porte une mĂ©daille, et il pense Ă son frĂšre chaque fois quâil participe Ă des courses. Câest quelque chose qui le rend trĂšs Ă©motif quand il en parle », raconte Louis Barbeau, directeur gĂ©nĂ©ral de la FĂ©dĂ©ration quĂ©bĂ©coise des sports cyclistes FQSC. Je suis dâautant plus heureux quâil ait pu rĂ©aliser une promesse pour honorer la mĂ©moire de Pierrick. » Pendant les 40 derniers kilomĂštres, Hugo Houle a foncĂ© droit devant en solitaire, sâoffrant un court regard vers lâarriĂšre pour constater son triomphe juste avant sa victoire. Bras haut et fier, doigt et visage levĂ©s vers le ciel, le QuĂ©bĂ©cois a franchi la ligne dâarrivĂ©e une minute et dix secondes devant son plus proche poursuivant, preuve dâune domination sans contestation. Lui-mĂȘme restait surpris de cette avance prodigieuse. CâĂ©tait serrĂ©, je suis restĂ© longtemps Ă 30 secondes dâĂ©cart. Quand [on mâa] montrĂ© que jâĂ©tais Ă une minute, je trouvais ça surrĂ©el », lançait Houle aprĂšs la course, la voix dĂ©jĂ un peu moins tremblante dâĂ©motion. Une inspiration nouvelle Hugo est en train dâinspirer toute une gĂ©nĂ©ration de coureurs », indique, trĂšs enthousiaste, le directeur de la FQSC. ï»żOutre un excellent professionnel, Hugo Houle est, selon Louis Barbeau, un athlĂšte persĂ©vĂ©rant et surtout apprĂ©ciĂ© du circuit cycliste. Hugo Houle, ça ne date pas dâhier. Il a fait les Jeux du QuĂ©bec en vĂ©lo et nâavait pas eu beaucoup de succĂšs Ă lâĂ©poque », relate M. Barbeau. Il se rĂ©jouit Ă prĂ©sent de le voir recevoir une reconnaissance bien mĂ©ritĂ©e et durement acquise. Une rĂ©ussite hors du commun dont de nombreuses personnalitĂ©s publiques se sont empressĂ©es de souligner le caractĂšre historique ». Quel exploit spectaculaire ! Bravo Hugo Houle pour cette victoire historique ! » a Ă©crit sur Twitter la mairesse de MontrĂ©al, ValĂ©rie Plante, en rĂ©action Ă la nouvelle, imitĂ©e peu aprĂšs par le premier ministre François Legault. Mais la dominance du cycliste de 31 ans nâĂ©tait dĂ©jĂ plus Ă prouver. Quelques jours plus tĂŽt, il avait signĂ© un coup dâĂ©clat lors de la 13e Ă©tape de la Grande Boucle en terminant troisiĂšme. AprĂšs une semaine lourde en traversĂ©es de montagnes et en escalades de cĂŽtes abruptes, Hugo Houle aura malgrĂ© tout tenu bon et concrĂ©tisĂ© un espoir quâil caressait dĂ©jĂ depuis un moment. Câest incroyable ce quâil a rĂ©ussi aujourdâhui. SpĂ©cialement dans des conditions aussi difficiles, avec la chaleur et les montagnes de hautes catĂ©gories. Il a Ă©tĂ© superbe ! » a affirmĂ© en entrevue au Devoir Steve Bauer, le directeur sportif de lâĂ©quipe Israel-Premier Tech, dont fait partie Hugo Houle. Câest ce mĂȘme Bauer qui, en 1988, Ă©tait devenu le tout premier Canadien Ă remporter une Ă©tape du Tour. AprĂšs ce quâil a perçu comme une trop longue » attente, lâancien cycliste devenu mentor affiche sa joie de voir naĂźtre un nouveau modĂšle pour la relĂšve canadienne en cyclisme. Les jeunes peuvent vraiment le regarder comme un champion. » Bauer ne se laisse toutefois pas distraire par cette vague dâĂ©loges Ă lâendroit dâHugo Houle. Pour le Canada, câest vraiment super, mais sur le coup, je ne pense pas trop à ça. Je pense Ă comment on va gagner la course, et câest tout ! » confie-t-il en riant. Du pain sur la planche La 17e Ă©tape, prĂ©vue mercredi, sera une journĂ©e encore plus difficile dans les PyrĂ©nĂ©es, avec trois ascensions de premiĂšre catĂ©gorie et une ascension de deuxiĂšme classe. Le trajet de 129,7 km commence Ă Saint-Gaudens, pour se terminer au sommet Ă la station de ski de Peyragudes. Mais chaque chose en son temps avant de penser Ă la prochaine Ă©tape, Houle et son Ă©quipe comptent bien cĂ©lĂ©brer. [Mardi] soir, il va vraiment fĂȘter la victoire dâabord. CâĂ©tait une longue carriĂšre pour en venir Ă une victoire comme ça », souligne Steve Bauer. RĂ©pĂ©ter cette performance demain, ce sera difficile. Mais je suis certain quâil va rĂ©cupĂ©rer ; il va mener Ă bien sa course les prochains jours aussi. » Le Tour de France prend fin dimanche Ă Paris. La 21e et ultime Ă©tape se conclura alors sur les Champs-ĂlysĂ©es. Avec La Presse canadienne Ă voir en vidĂ©o
LesVoix intĂ©rieures, telles que M. Hugo les explique et les dĂ©finit dans la prĂ©face de son volume, nâappartiennent, Ă proprement parler, ni au monde, ni Ă lâhomme, ni au spectacle extĂ©rieur, ni au spectacle intĂ©rieur, mais ne sont quâun chuchotement, un murmure, un dialogue insaisissable entre lâhomme et les choses, entre la
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pour DES VOIX COMME CA HUGO EN A EU BEAUCOUP dans les Mots croisĂ©s. â. Trouve les meilleures rĂ©ponses pour finir n'importe quel type de jeu de mot â nous n'avons pas encore sĂ©lectionnĂ© une rĂ©ponse pour cette dĂ©finition, aide les autres utilisateurs en leur suggĂ©rant la solution ou une partie de celle-ci ! Partagez cette question et demandez de l'aide Ă vos amis! Recommander une rĂ©ponse ? Connaissez-vous la rĂ©ponse? profiter de l'occasion pour donner votre contribution! Similaires Ses Adepte Parle Beaucoup De Pointe Mais Beaucoup Moins Du Marteau Beaucoup Beaucoup On Y Place Beaucoup D'argent Et, Au Son, Beaucoup De Vin A Beaucoup AgitĂ© Le Maroca Beaucoup AgitĂ© Le Maroc En 8 Lettres Comme Un Dieu Ou Comme Un Camionjoli Comme Un Camion Comme Cette DĂ©finition, Comme Cette DĂ©finition, Comme Cette Comme Cette DĂ©finition, Comme Cette DĂ©finition, Comme Cette DĂ©finition Beaucoup Comme Jadis Des Quantites Comme Ca Ca Fait Beaucoup Comme Beaucoup De Louis Beaucoup Comme Autrefois Ă L'envers Pour Beaucoup, C'est Comme Du Chinois ! S'il Est Comme Le Second Horizontal, C'est Qu'il Y A Beaucoup De Coups Comme Beaucoup Mot Invariable Comme Dehors » Ou Beaucoup » Comme Le Sort De Beaucoup De Ces Soldats Comme Son Homologue Masculin, Elle Se Fait Beaucoup Plus Soigner Avant La Consultation QuaprĂšs Il En Faut Beaucoup Comme Lui Pour Arriver Au Bar Roi Comme Ubu Mais Beaucoup Plus Vieux Comme Beaucoup En Ce Monde, Vous Pouvez Faire Une Croix Dessus Est EmployĂ© Comme Beaucoup Comme Beaucoup De Cubains Depuis Vendredi Saloperie Transmise, Comme Beaucoup De Saloperies, Par Une Saloperie De Moustique Fis Comme Beaucoup De TrĂšs Riches
Enfin! Beaucoup de bon matĂ©riel de La voix Ă dĂ©cortiquer avec vous, dont quatre performances Ă©patantes, qui ont galvanisĂ© les tĂ©lĂ©spectateurs hier soir.. Mais tout dâabord, rĂ©glons le cas du malaise de la soirĂ©e. Il faut absolument se parler du passage de Jessy Bazinet, 22 ans, le petit frĂšre des popstars Bobby Bazini et Kevin Bazinet, grand gagnant de la tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ©
Ă 500 mĂštres, il a sorti la croix quâil porte au cou depuis la mort de son frĂšre. Ă 100 mĂštres, il sâest permis de lever les bras une premiĂšre fois. Puis il sâest retournĂ© pour apercevoir la voiture rouge du commissaire. Tout cela Ă©tait vrai Hugo Houle sâapprĂȘtait Ă gagner une Ă©tape du Tour de France. Index droit pointĂ© vers le ciel, le visage dĂ©composĂ©, il a franchi la ligne Ă Foix. Trois heures plus tard, le premier vainqueur quĂ©bĂ©cois de lâhistoire du Tour Ă©tait encore en Ă©tat de choc. PHOTO CHRISTIAN HARTMANN, REUTERS Hugo Houle Ă son arrivĂ©e Ă la fin de lâĂ©tape Quand je fermais les yeux le soir, avant de me coucher, jâavais un rĂȘve de fou », a-t-il racontĂ© au tĂ©lĂ©phone, la voix un peu Ă©raillĂ©e, mardi soir, heure locale. Câest exactement comme ça que je rĂȘvais de gagner, de la plus belle façon, arriver en solo. Jâai de la difficultĂ© Ă rĂ©aliser ce que jâai fait, mais je suis trĂšs, trĂšs heureux. » Une minute et demie aprĂšs sa victoire, sa toute premiĂšre chez les professionnels, Houle est tombĂ© dans les bras de Michael Woods, son compatriote, ami et coĂ©quipier, qui venait de finir troisiĂšme de cette 16e Ă©tape historique pour le cyclisme canadien, entre Carcassonne et Foix. Celle-lĂ est pour mon frĂšre », a rĂ©itĂ©rĂ© Houle au milieu des embrassades. Dans cette premiĂšre Ă©tape pyrĂ©nĂ©enne, le duo dâIsrael-Premier Tech a pris la fuite en compagnie de 27 autres coureurs Ă 147 km de lâarrivĂ©e. Ă lâĂ©vidence, tout se jouerait dans les deux grands cols de premiĂšre catĂ©gorie situĂ©s en fin dâĂ©preuve, le Port de Lers 11,4 km Ă 7 % et le redoutable Mur de PĂ©guĂšre 9,3 km Ă 7,9 %. PHOTO GONZALO FUENTES, AGENCE FRANCE-PRESSE Michael Woods et Hugo Houle LĂ©gĂšrement distancĂ© au sommet du Port de Lers, Houle a refermĂ© seul lâĂ©cart de 26 secondes le sĂ©parant du groupe rĂ©duit de huit meneurs, dont Woods et les excellents grimpeurs Damiano Caruso Bahrain, Michael Storer Groupama-FDJ et Matteo Jorgenson Movistar. Ă 40 km de lâarrivĂ©e, toujours dans la descente, Woods a laissĂ© Houle prendre une petite avance, lui criant Ă lâoreillette de poursuivre sa route. CâĂ©tait vraiment instinctif, a relatĂ© le cycliste dâOttawa. Les autres coureurs ont commencĂ© Ă se regarder. Rapidement, Hugo a pris 10, 15 secondes. CâĂ©tait idĂ©al non seulement pour lui, mais pour moi aussi parce que je pouvais rester derriĂšre et mâĂ©conomiser les jambes pour le final. » Ăa faisait tellement mal⊠» Dans le Mur de PĂ©guĂšre, Houle a consolidĂ© lâĂ©cart, annihilant les tentatives de poursuite de Tony Gallopin Trek, Jorgenson et Valentin Madouas, qui roulait pour son coĂ©quipier Storer. Woods Ă©tait bien calĂ© dans leur roue, attendant son moment. Lâavance du natif de Sainte-PerpĂ©tue a culminĂ© Ă 49 secondes. LĂ , il fallait vraiment que je donne tout. Je savais que tout le monde Ă©tait en souffrance par cette chaleur. Sur des pentes aussi raides, câest dur dâaller vraiment plus vite. Je regardais chaque kilomĂštre dĂ©filer sur mon compteur. Ăa faisait tellement mal Ă ce moment-lĂ que câĂ©tait plutĂŽt sauve ta peau⊠» Son plus grand souci lâalimentation et lâhydratation. CoincĂ©e derriĂšre les poursuivants, la voiture dâĂ©quipe ne pouvait le ravitailler. Un soigneur postĂ© dans la montĂ©e lâa sauvĂ© » avec deux gels et deux bidons. Plus loin, la moto de dĂ©pannage neutre lui a permis de refaire le plein. CâĂ©tait la clĂ©. Si je ne mangeais pas, câĂ©tait fini. Jâai rĂ©ussi Ă reprendre deux gels. Jâai tenu le coup, mais câĂ©tait limite un peu au niveau nutritionnel. Hugo Houle Au sommet, Houle avait un coussin de 34 secondes avec 27,2 km Ă faire, tout en descente. Je me suis dit câest bon, ça peut le faire. Il restait encore beaucoup de route. CâĂ©tait une descente oĂč il fallait pĂ©daler avec des bouts un peu plus techniques vers le bas. Je souffrais Ă©normĂ©ment. » Le jeune AmĂ©ricain Jorgenson a testĂ© les limites de lâadhĂ©rence dans la descente, chutant dans un virage Ă 13 km du fil. Je nâĂ©tais pas vraiment surpris parce quâil prenait beaucoup de risques, a tĂ©moignĂ© Woods, qui le suivait. Je lui avais laissĂ© cinq mĂštres parce que je savais quâil y a beaucoup dâhuile sur les routes ici. Je suis tombĂ© dans les PyrĂ©nĂ©es lâan passĂ©. CâĂ©tait la bonne dĂ©cision. » Ă partir de lĂ , la victoire de Houle ne faisait pratiquement plus de doute, Woods levant mĂȘme le pouce devant la moto-camĂ©ra aprĂšs le retour de Jorgenson. Le Canadien a Ă©tĂ© surpris sur la ligne par Madouas, quâil nâavait pas vu revenir. Avec 2 km Ă complĂ©ter, Houle a commencĂ© Ă se dĂ©tendre un peu quand lâardoisier lui a signalĂ© que son avance avait grimpĂ© Ă une minute. Ă lâinvitation de Steve Bauer, directeur sportif dâIsrael-Premier Tech qui Ă©tait dans la voiture derriĂšre, il sâest permis de savourer son succĂšs dans le dernier kilomĂštre. Bauer Ă©tait jusque-lĂ le seul vainqueur dâĂ©tape canadien au Tour, en 1988, annĂ©e oĂč il a portĂ© le maillot jaune Ă deux reprises. Jâai surtout pensĂ© Ă mon frĂšre, a dit Houle. Câest pour lui que je voulais aller la claquer, cette victoire. Jâai pensĂ© Ă tous les sacrifices depuis 10 ans. Jâavais rĂ©ussi. Je nây croyais pas trop. Câest fou ! » Houle a dĂ©couvert le Tour en le suivant Ă la tĂ©lĂ©vision avec son frĂšre cadet Pierrik Ă la rĂ©sidence familiale de Sainte-PerpĂ©tue, dans la rĂ©gion de Nicolet-Yamaska. Je ne mâĂ©tais jamais imaginĂ© ĂȘtre lĂ un jour. » PHOTO CHRISTIAN HARTMANN, REUTERS Hugo Houle Le 21 dĂ©cembre 2012, Hugo revenait de son premier camp professionnel en Europe avec la formation AG2R La Mondiale quand Pierrik sâest fait faucher Ă mort par un conducteur ivre pendant quâil faisait son jogging en soirĂ©e. Il avait 19 ans. Ă partir de ce jour, Hugo sâest promis de gagner une Ă©tape en lâhonneur de son frĂšre, pour qui il porte une croix que lui a offerte lâentrepreneur Louis Garneau. Câest ce qui mâa aidĂ© Ă rester motivĂ© jour aprĂšs jour Ă mâentraĂźner et Ă passer Ă travers cette Ă©preuve-lĂ , a soulignĂ© Houle. Depuis, jâai toujours portĂ© ma croix et eu une pensĂ©e pour lui avant chacun de mes dĂ©parts pour quâil me protĂšge. On prend pas mal de risques. Je ne suis pas croyant Ă outrance, mais je mâamuse Ă croire quâil est avec moi, quâil me soutient, quâil me protĂšge. Ăa me met un peu en sĂ©curitĂ© et en confiance depuis son dĂ©part. » 1000 messages TroisiĂšme Ă Saint-Ătienne vendredi, Houle sâĂ©tait promis de tenter sa chance de nouveau. Ă 31 ans et aprĂšs 10 saisons Ă surtout servir de domestique et de lieutenant, il ne lâa pas ratĂ©e quand elle sâest reprĂ©sentĂ©e. Quand jâai commencĂ© chez AG2R, jâĂ©tais complĂštement seul dans le peloton WorldTour pendant plusieurs annĂ©es, a-t-il rappelĂ©. JâĂ©tais un simple Ă©quipier qui Ă©tait au plus bas de lâĂ©chelle. Aujourdâhui, jâai rĂ©ussi Ă gagner une Ă©tape. Aujourdâhui, câest 10 ans dâĂ©normes sacrifices, de travail. Ce qui a fait ma carriĂšre, câest ma discipline et ma persĂ©vĂ©rance. Aujourdâhui, çâa Ă©tĂ© ma journĂ©e oĂč jâai pu briller. Je suis vraiment content dâavoir rĂ©ussi. » Avec plus de 1000 messages et notifications sur son tĂ©lĂ©phone qui surchauffait, le hĂ©ros du jour sâest excusĂ© de ne pas pouvoir rĂ©pondre Ă tout le monde ». Câest une grosse vague dâamour. Câest beau de voir ça. Si je fais vivre des Ă©motions et que jâinspire la prochaine gĂ©nĂ©ration, câest mission accomplie. » Et mĂȘme un peu plus. Classement de la 16e Ă©tape Hugo Houle CAN/ISR les 178,5 km en 4 h 2347 Valentin Madouas FRA/GFJ Ă 110 Michael Woods CAN/ISR 110 Matteo Jorgenson 112 Michael Storer AUS/GFJ 125 Aleksander Vlasov RUS/BOR 140 Dylan Teuns BEL/BAH 140 Simon Geschke ALL/COF 211 Mathieu Burgaudeau FRA/TOT 504 Damiano Caruso ITA/BAH 504 Mikkel HonorĂ© DEN/QST 545 Neilson Powless 545 Wout van Aert BEL/JUM 554 Brandon McNulty 554 Jonas Vingegaard DEN/JUM 554 Tadej PogaÄar SLO/UAE 554 Geraint Thomas GBR/INE 554 David Gaudu FRA/GFJ 554 Nairo Quintana COL/ARK 554 Daniel MartĂnez COL/INE 557
MaxanceCloutier. Les yeux humides, Hugo Houle a fait frissonner le QuĂ©bec et les amateurs de cyclisme du monde entier en remportant mardi une victoire dâĂ©tape historique au Tour de France
Jacqueline Eustache-Brinio LR Ă l'origine de la proposition d'une proposition de loi dĂ©battue ce mardi Ă©change avec Esther Benbassa EELV qui y est radicalement opposĂ©e. POLITIQUE - Elles ont pourtant, sur le papier, des choses en commun. Toutes les deux membres de la prestigieuse commission des Lois du SĂ©nat, nĂ©es dans les annĂ©es 1950, anciennes professeures et Ă©lue ou ex-Ă©lue de banlieues parisiennes. Mais malgrĂ© ces quelques points de biographie, peu de choses mettent dâaccord Jacqueline Eustache-Brinio, sĂ©natrice Les RĂ©publicains du Val-dâOise, Ă lâorigine de la proposition de loi pour interdire le voile lors des sorties scolaires et Esther Benbassa, historienne des religions et sĂ©natrice EELV de Paris, auparavant dans le Val-de-Marne, viscĂ©ralement opposĂ©e au texte. Elles dĂ©battront dans lâhĂ©micycle, ce mardi 29 octobre Ă partir de 14h30, de la proposition de loi visant Ă âassurer la neutralitĂ© religieuse des personnes concourant au service public de lâĂ©ducationâ, dĂ©posĂ©e en juillet 2019 par lâĂ©lue LR. Elle la dĂ©fendra, Esther Benbassa votera contre. Une semaine avant, mercredi 23 octobre, dans le salon feutrĂ© Victor Hugo du SĂ©nat, Le HuffPost les a rĂ©unies pour parler laĂŻcitĂ©, interdiction du port du voile lors des sorties scolaires et lutte contre la radicalisation. Un dĂ©bat avant le dĂ©bat que vous pouvez retrouver en vidĂ©o en tĂȘte dâarticle. Le HuffPost Jacqueline Eustache-Brinio, pourquoi avoir dĂ©posĂ© ce texte? Esther Benbassa, pourquoi voterez-vous contre? Jacqueline Eustache-Brinio Je suis un pur jus de lâĂ©cole de la RĂ©publique, jây suis trĂšs attachĂ©e. Nous avons aujourdâhui des difficultĂ©s autour de la gestion des sorties scolaires. Les enseignants ont des attitudes diffĂ©rentes selon les classes ou les Ă©coles. Jâestimais, dans la foulĂ©e de la loi de 2004 qui interdit les signes religieux en classe que les choses devaient ĂȘtre clarifiĂ©es et que ce ne soit pas Ă chacun dâinterprĂ©ter le texte comme il lâentend. Esther Benbassa Moi je mâoppose Ă cette loi parce que je suis la loi de 1905 telle quâelle a Ă©tĂ© votĂ©e, Ă savoir la libertĂ© de culte. Lorsquâon a fait ce texte en 2004 pour que les Ă©lĂšves ne portent aucun signe distinctif, je nâĂ©tais pas pour. NĂ©anmoins, cette loi est en vigueur. Le foulard nâest en revanche pas interdit pour les sorties scolaires. Je prĂ©fĂšre une mĂšre qui porte un voile, qui accompagne son enfant et qui lui montre lâimportance de lâĂ©ducation plutĂŽt que dâentrer dans cette interdiction qui est une stigmatisation. Bruno Retailleau, le prĂ©sident du groupe LR au SĂ©nat, veut interdire les âlistes communautairesâ. Il vise notamment un parti, lâUnion dĂ©mocrate des musulmans de France UDMF. Quâen pensez-vous? Esther Benbassa Les temps sont durs pour votre parti, câest pour ça que vous mettez tous ces sujets sur la table. Câest politique. Vous avez fait 8,5% aux derniĂšres europĂ©ennes et vous marchez sur les platebandes du Rassemblement national. Bruno Retailleau veut interdire les partis communautaires, il faut donc interdire la dĂ©mocratie chrĂ©tienne. Vous direz Ă Jean-FrĂ©dĂ©ric Poisson ex-dĂ©putĂ© LR, prĂ©sident du Parti ChrĂ©tien dĂ©mocrate, ndlr de ne plus se prĂ©senter aux Ă©lections, et vous ne discuterez plus avec grand monde, ni en Allemagne avec le parti chrĂ©tien-dĂ©mocrate, ni au Parlement europĂ©en... Jacqueline Eustache-Brinio Il y a une grande diffĂ©rence. Prenez la CFTC ConfĂ©dĂ©ration française des travailleurs chrĂ©tiens, ndlr, par exemple. Ce syndicat sâadresse Ă tout le monde, pas seulement aux salariĂ©s chrĂ©tiens. Jean-FrĂ©dĂ©ric Poisson sâadresse Ă tous les Français, alors que ce parti sâadresse seulement aux musulmans. Câest donc du communautarisme. "C'est la loi avant la foi. Pas le contraire" Comment lutter contre le âcommunautarismeâ? Jacqueline Eustache-Brinio Je vis en banlieue, madame, dans un dĂ©partement oĂč lâon a des risques communautaristes trĂšs forts. Je nâai pas envie que des villes tombent aux mains des salafistes ou du CICF Collectif contre lâislamophobie en France, ndlr. Une partie de la population vit dans un enfermement dâune religion qui dit âcâest la foi avant la loiâ. Eh bien non, câest la loi avant la foi. Câest basique. Câest Ă la RĂ©publique de dicter notre comportement. Esther Benbassa Nous sommes dâaccord, mais seulement 5% des musulmans sont salafistes! La radicalisation, personne ne peut ĂȘtre pour, je ne connais pas une seule personne qui vous dira ça, mais il faut trouver les solutions pour la combattre. Les pouvoirs publics nâassument pas leurs responsabilitĂ©s pour endiguer ce phĂ©nomĂšne mortifĂšre. Si lâon en vient Ă mĂȘler radicalisation, voile, islamiste, on ne sâen sortira pas. Parlons de la classe moyenne musulmane qui nâa rien avoir ni avec la radicalitĂ©, ni avec lâislamisme. Comment sortir de ce dĂ©bat qui dure et conduit Ă des amalgames ? Jacqueline Eustache-Brinio Ce nâest pas du tout le grand mĂ©lange. LâextrĂȘme droite et lâislamisme sâautoalimentent. Ils font de la communication et ils se servent les uns des autres. Au milieu, il y a une voix qui est celle de la RĂ©publique et de la sagesse. La question, câest quâest ce quâon partage en commun, sur des rĂšgles communes? Câest comme ça quâon sâest construit dans les quartiers populaires dont je faisais partie, avec des gamins de toutes origines et ça se passait trĂšs bien. Par cette loi, on protĂšge ces enfants. Esther Benbassa Pour vivre ensemble, il vaut mieux partager le gĂąteau. Les personnes issues de lâimmigration nâont pas la mĂȘme part du gĂąteau et en plus vous les montrez du doigt et câest dommage parce que je partage votre idĂ©e trĂšs thĂ©orique de vivre ensemble, mais ce nâest pas avec des lois comme ça quâon va vivre ensemble. Quand on est attaquĂ©, on se replie. Vous continuez, alors il y aura plus de replis... Y a-t-il un risque de âguerre civileâ en France comme lâaurait sous-entendu Emmanuel Macron devant des proches, selon France Info? Esther Benbassa Il y a un risque de guerre civile si vous continuez avec toutes vos lois! Jacqueline Eustache-Brinio Il y aura plutĂŽt une guerre civile si vous ne faites rien! On peut mettre ces problĂšmes pour lesquels le prĂ©sident de la RĂ©publique dit que nous allons aller en guerre civile sous le tapis, mais aujourdâhui ça nous explose Ă la figure. âCe voile, câest de la diversion au sens pascalien" Esther Benbassa Jâai beaucoup apprĂ©ciĂ© ce quâa dit Ădouard Philippe, mĂȘme si je ne partage pas ses idĂ©es politiques. Il a dit âjâai une boussole, câest la loiâ. Câest la voix de la sagesse. Il y a plus de 9 millions de pauvres, il y a eu les gilets jaunes, il y a des problĂšmes Ă©conomiques graves, et nous on sâoccupe de savoir si telle maman qui offre de son temps libre porte le voile ou pas? Câest une diversion ce voile, câest de la distraction au sens pascalien parce que vous nâavez pas de programme Ă offrir aux Français. Jacqueline Eustache-Brinio La boussole câest bien, mais encore faut-il savoir oĂč lâon va et dans quelle direction! Sur la radicalisation, comme dâhabitude, on attend. On nâa que des mots, mais rien de concret. Cette loi dĂ©passe le cadre politique, cest un front rĂ©publicain que nous devons rĂ©unir avec des gens de droite et de gauche. Depuis que je travaille sur ces questions, je vois beaucoup dâĂ©lus de gauche qui sont dâaccord avec moi. Faut-il changer la loi de 1905? En chĆur Non Enfin quelque chose qui vous met dâaccord! Câest Ă©tonnant, avec vos deux visions opposĂ©es, que vous soyez dâaccord sur le fait de ne pas changer la loi sur la laĂŻcitĂ©... Jacqueline Eustache-Brinio Les religions jusquâĂ prĂ©sent se sont fondues dans la loi de 1905. Ce nâest pas Ă nous de nous adapter, mais Ă elles. Esther Benbassa Vous oubliez quâil nây a pas eu de concordat pour lâIslam comme il y en a eu pour le protestantisme par exemple. Un Islam de France est en train de se constituer, renforçons-le, câest la seule guerre que nous pouvons mener contre les salafistes et la radicalisation. Jacqueline Eustache-Brinio Bien sĂ»r, câest Ă lâIslam de rentrer dans la rĂ©publique. Esther Benbassa Enfin, une grande partie des musulmans vivent dans cette rĂ©publique! Jacqueline Eustache-Brinio Oui, je nâai pas dit âles musulmansâ, jâai dit âdes musulmansâ. Et elles se serrĂšrent la main. Ă voir Ă©galement sur Le HuffPost
Lorsde la rĂ©solution d'une grille de mots-flĂ©chĂ©s, la dĂ©finition DES VOIX COMME CA HUGO EN A EU BEAUCOUP a Ă©tĂ© rencontrĂ©e. Qu'elles peuvent ĂȘtre les solutions possibles ? Un total de 21
Accueil Hauts-de-France Lille Il sortait beaucoup et venait de rencontrer sa petite amie lorsque le confinement a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©. Aujourdâhui, il y repense comme un moment surrĂ©aliste », qui lâa posĂ© ». Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Pour lire la suite de cet article Abonnez-vous Ă partir de 1⏠à notre offre numĂ©rique. Sans engagement de durĂ©e. ESSAYER POUR 1⏠Vous ĂȘtes dĂ©jĂ abonnĂ© ou inscrit ? Se connecter L'info en continu 0h13 TV - Streaming Mask Singer» quelles personnalitĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©masquĂ©es dĂšs le premier Ă©pisode? 22h49 Dunkerque Meurtre de Cassel les trois suspects, dont un adolescent de 16 ans mis en examen et incarcĂ©rĂ©s 22h37 France Doctolib lâOrdre des mĂ©decins demande de renforcer les rĂšgles dâinscription 21h59 Hauts-de-France Jonathan Destin, un ambassadeur » qui a fait avancer les choses » 21h45 France Sans le bouclier tarifaire», le gaz coĂ»terait deux fois plus cher en France Toute l'info en continu >
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CorrigĂ©IntroductionLes poĂštes romantiques ont dĂ» se dĂ©fendre contre de nombreuses attaques. Aussi Victor Hugo, dans la prĂ©face des Contemplations, rĂ©pond-il Ă ceux qui se plaignent des Ă©crivains qui disent moi ». Il assure que le moi » du poĂšte peut aussi se transformer en nous ». Mais peut-on aller jusqu'Ă affirmer que le poĂšte devient une Ăąme collective », comme le fait Baudelaire dans un article consacrĂ© Ă Victor Hugo en 1861 ? Pour mieux comprendre les liens qui unissent le poĂšte et son lecteur, nous commencerons par analyser le rĂŽle du je ». Nous montrerons ensuite que le moi » peut se faire le porte-parole de ceux qui sont condamnĂ©s au silence. Les mots du poĂšte gagnent alors une portĂ©e universelle. Un cri de l'Ăąme »Des voix singuliĂšresLe moi » occupe bien une place importante dans Les Contemplations. Victor Hugo nous propose par exemple une sĂ©rie de rĂȘveries qui mettent une Ăąme » Ă nu. C'est le cas dans Les Oiseaux » Je rĂȘvais dans un grand cimetiĂšre dĂ©sert ; De mon Ăąme et des morts j'Ă©coutais le concert, Parmi les fleurs de l'herbe et les croix de la tombe. [âŠ] Autour de moi, nombreux, [âŠ] Des moineaux francs faisaient l'Ă©cole buissonniĂšre. Non seulement l'Ăąme du poĂšte est la source de la rĂȘverie, mais c'est bien autour du moi » que gravitent les oiseaux et le reste du poĂšme. Victor Hugo va plus loin en mettant un Ă©vĂ©nement intime au centre des Contemplations la mort de sa fille LĂ©opoldine. Si le recueil s'assombrit peu Ă peu, le dĂ©but de Pauca meae » marque bien une rupture. Le poĂšte, pourtant si prolixe, devient mĂȘme silencieux dĂšs lors qu'il s'agit d'Ă©voquer le 4 septembre 1843, date de la mort de sa fille et de son gendre. Les mots ne semblent plus capables de traduire son trouble. Il poursuit tout de mĂȘme son chemin et fait revivre un passĂ© chĂ©ri pour oublier un morne prĂ©sent Oh ! je l'avais, si jeune encore, Vue apparaĂźtre en mon destin ! C'Ă©tait l'enfant de mon aurore, Et mon Ă©toile du matin ! IV, 6 Ce recueil peut alors rappeler les MĂ©ditations poĂ©tiques de Lamartine. Ce dernier Ă©voque lui aussi, dans Le Lac », une douloureuse disparition Ă lac ! l'annĂ©e Ă peine a fini sa carriĂšre, Et prĂšs des flots chĂ©ris qu'elle devait revoir, Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre OĂč tu la vis s'asseoir !De la musique avant toute choseIl ne faut cependant pas considĂ©rer le poĂšme comme un rĂ©cit autobiographique. Il ne s'agit pas seulement de raconter une sĂ©rie de souvenirs personnels il importe avant tout de les sublimer par la beautĂ© du chant poĂ©tique. Le poĂšte devient ici l'Ă©gal d'OrphĂ©e, qui utilisait lui aussi sa lyre pour charmer et Ă©voquer sa peine. Hugo fait souvent rĂ©fĂ©rence Ă ce mythe dans son recueil, Ă tel point qu'il Ă©crit j'entends ce qu'OrphĂ©e entendit ». Le lyrisme ne repose donc pas seulement sur l'expression de sentiments personnels. Il s'accompagne d'une musicalitĂ© que les vers parviennent Ă restituer. Les cordes de la lyre deviennent alors, pour le poĂšte, les fibres mĂȘmes du cĆur de l'homme », comme l'Ă©crit Lamartine. Dans La FĂȘte chez ThĂ©rĂšse », la musique vient mĂȘme de la nature, et le poĂšme de Victor Hugo s'en fait l'Ă©cho Si bien qu'Ă ce concert gracieux et classique, La nature mĂȘlait un peu de sa musique. De la musique avant toute chose », conseille justement Verlaine au dĂ©but de son cĂ©lĂšbre Art poĂ©tique ». Cette musicalitĂ© est intimement liĂ©e au travail sur les rythmes et les sonoritĂ©s. C'est pourquoi Hugo, loin de s'en tenir Ă un seul type de vers, manie aussi bien un vers court comme l'octosyllabe qu'un vers long comme l'alexandrin. Il utilise Ă©galement diffĂ©rents schĂ©mas de rimes. C'est aussi ce travail formel qui doit mettre en valeur les Ă©motions du moi » en leur permettant de trouver une nouvelle forme, capable de toucher les lecteurs. On comprend dĂšs lors pourquoi Hugo peut affirmer, dans la prĂ©face des Contemplations, que le recueil renferme les mĂ©moires d'une Ăąme ». Mais cette plongĂ©e dans l'intime n'exclut pas le dĂ©tour par l' cri de rĂ©volteLa voix des sans voixOn sait combien Victor Hugo, dans ses romans ou ses discours, a accordĂ© d'importance aux misĂ©rables », pour reprendre le titre d'une de ses plus cĂ©lĂšbres Ćuvres. On se tromperait en pensant que ses poĂšmes font exception. Parler de lui n'empĂȘche pas le poĂšte de penser aux autres. C'est aussi en ce sens qu'il a charge d'Ăąmes ». Ainsi, mĂȘme si son recueil se compose d'Ă©lĂ©ments trĂšs intimes, Hugo se fait le porte-parole de ceux qui sont condamnĂ©s au silence. La misĂšre qu'il Ă©voque contribue Ă obscurcir cette Aurore » qui semblait pourtant si lumineuse au dĂ©but du recueil. Ăcoutez », nous ordonne-t-il dans Melancholia ». Il nous invite Ă tendre l'oreille, pour entendre la douleur d' une femme au profil dĂ©charnĂ©, / maigre, blĂȘme, portant un enfant Ă©tonnĂ© / [âŠ] qui se lamente au milieu de la rue ». Il dĂ©nonce Ă©galement le travail des enfants OĂč vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? Ces doux ĂȘtres pensifs, que la fiĂšvre maigrit ? Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ? Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules. Au XXe siĂšcle, Claude Roy a lui aussi utilisĂ© la poĂ©sie pour faire entendre la voix de ceux qui souffrent. Comme il l'Ă©crit Le poĂšte n'est pas celui qui dit Je n'y suis pour personne Le poĂšte dit J'y suis pour tout le poĂ©sie comme armeLa poĂ©sie peut donc servir Ă dĂ©noncer les injustices, et les poĂštes sont souvent en premiĂšre ligne pour attaquer ceux qui sont responsables du malheur des hommes. Les surrĂ©alistes l'ont bien montrĂ© durant la Seconde Guerre mondiale en participant au recueil L'Honneur des poĂštes. Dans Ce cĆur qui haĂŻssait la guerre », Robert Desnos proclame ainsi RĂ©volte contre Hitler et mort Ă ses partisans ! » Victor Hugo n'est pas en reste, lui qui s'est opposĂ© Ă NapolĂ©on III jusqu'Ă la chute du Second Empire. C'est en exil qu'il Ă©crit une partie des Contemplations et, dĂšs 1852, il s'est attaquĂ© dans Les ChĂątiments Ă celui qu'il surnomme dans un pamphlet NapolĂ©on le Petit. Ă la fin du recueil, il se dresse encore dans Ultima verba » pour faire de l'Ă©criture un acte de rĂ©sistance. Le poĂšte est bien dĂ©cidĂ© Ă ne pas abdiquer J'accepte l'Ăąpre exil, n'eĂ»t-il ni fin ni terme ; [âŠ] Si l'on n'est plus que mille, eh bien, j'en suis ! Si mĂȘme Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla ; S'il en demeure dix, je serai le dixiĂšme ; Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-lĂ ! Le poĂšme devient alors un espace capable d'accueillir toutes les Ăąmes. Il acquiert une dimension universelle dans la mesure oĂč le cri du poĂšte rĂ©sonne dans l'esprit de chaque cri qui rĂ©sonneUne portĂ©e universelleCertes, les poĂštes romantiques cherchent Ă faire entendre des voix singuliĂšres. Il s'agit pour eux de se distinguer des poĂštes qui les prĂ©cĂšdent, comme le souligne par exemple Lamartine Je n'imitais plus personne ». Tout au long des Contemplations, Hugo cherche aussi Ă innover sur le plan formel, en faisant par exemple preuve d'audace sur le plan du lexique Et sur l'AcadĂ©mie, aĂŻeule et douairiĂšre, Cachant sous ses jupons les tropes effarĂ©s, Et sur les bataillons d'alexandrins carrĂ©s, Je fis souffler un vent rĂ©volutionnaire. Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire. Plus de mot sĂ©nateur ! plus de mot roturier ! RĂ©ponse Ă un acte d'accusation » Il s'agit prĂ©cisĂ©ment de rapprocher le poĂšme du peuple, pour rendre le texte encore plus accessible. C'est que le poĂšte travaille une matiĂšre qui concerne chaque lecteur. Ăros et Thanatos voisinent par exemple dans ce recueil qui associe Ă©troitement l'amour et la mort. Le recueil prend mĂȘme certains accents mĂ©taphysiques lorsqu'il s'agit d'Ă©voquer ce grand tout auquel chacun appartient. Le poĂšte est alors celui qui Ă©claire le lecteur, quelle que soit son Ă©poque. Il vient, comme l'Ă©crit Hugo dans Les Contemplations, vider dans notre nuit toute cette lumiĂšre ! » I, 18.L'Ă©preuve du tempsPar ses mots, le poĂšte tente Ă©galement de rĂ©sister Ă l'Ă©preuve du temps. Certes, comme l'Ă©crit Ronsard dans l'un de ses poĂšmes Le temps s'en va, le temps s'en va [âŠ], Las ! le temps non, mais nous nous en allons, Et tĂŽt serons Ă©tendus sous la lame. Hugo constate aussi la fuite du temps et l'irrĂ©mĂ©diable disparition des bonheurs passĂ©s Toutes ces choses sont passĂ©es / comme l'ombre et le vent ». Mais si les hommes passent et doivent bien se rĂ©soudre Ă mourir, si leurs souvenirs disparaissent avec eux, leurs Ă©crits, eux, restent encore un peu avec les vivants. Avec ses Contemplations, Hugo construit ainsi un tombeau pour LĂ©opoldine, et il enferme dans ses pages ses souvenirs les plus chers, comme dans le septiĂšme poĂšme de Pauca Meae ». Le poĂšte lutte contre le silence et renoue avec les mots que le deuil semblait menacer. Sa voix traverse alors les siĂšcles pour venir jusqu'Ă nous. Ses Ă©motions revivent en devenant les nĂŽtres et nos propres souvenirs se reflĂštent dans ses poĂšmes. Le lecteur ne reste donc jamais Ă distance. C'est ce que nous rappelle Hugo dans sa prĂ©face quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensĂ©, qui crois que je ne suis pas toi ! » Hypocrite lecteur, â mon semblable, â mon frĂšre ! », Ă©crit pour sa part Baudelaire au dĂ©but de ses Fleurs du le moi » est bien au centre des Contemplations et de nombreux autres recueils, il est Ă©galement appelĂ© Ă se fondre dans un nous » beaucoup plus vaste. En ce sens, les mĂ©moires d'une Ăąme » sont aussi les mĂ©moires d'une Ăąme collective ». L'immense foule rassemblĂ©e pour les funĂ©railles de Victor Hugo le 1er juin 1885 prouve d'ailleurs que ce n'est pas en vain que le poĂšte a cherchĂ© Ă toucher ses lecteurs.
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